Sur le jubilatoire chemin qui va de l'imaginaire au réel, il est une étape que je crois intéressante de vous faire partager : "LA PRISE D'EMPREINTE".
La réalisation d'un moule dit "en creux" qui va servir à couler chaque premier exemplaire en métal d'un prototype, s'effectue en deux temps, un pour chacune des deux parties du moule.
Pour réaliser la première partie, après confection d'un coffrage en légos (ils sont réutilisables à l'infini et font donc parfaitement l'affaire même si votre petit frère vous en fait grief tout le restant de vos jours), le prototype du bijou est partiellement enrobé jusqu'à mi-épaisseur d'une pâte (Plastiline) qui se travaille dure (ou liquide après chauffage). Le souci est, mais notre exemple n'est pas la pièce la plus complexe en l'occurence, de bien déterminer "l'endroit" où le moule va s'ouvrir en deux afin que le bijou après coulage puisse se démouler sans problème et ne reste pas coincé à l'intérieur !!! Mais voyez vous-même :
Les petits outils de potier (ou de couture) sont précieux pour repousser la pâte souple afin de parfaire le "plan de joint", c'est-à-dire l'endroit tout contre le bijou où le moule va s'ouvrir... Ce travail minutieux s'effectue sous loupe...
Pour la bélière, je bouche le trou à la Plastiline, il n'y a pas d'autre solution pour pouvoir démouler ultérieurement la pièce... Dans le futur exemplaire en métal que je confierai au fondeur, je percerai un trou à la fraise. Lui possède ses propres astuces de fonderie pour pallier ce type de difficulté...
Ensuite, il va être coulé sur le dessus du prototype un élastomère assez visqueux qui mettra 24h00 à durcir (vulcanisation**) avant de pouvoir être manipulé. Ce temps d'attente écoulé, on peut alors extraire le bloc élastomère/Plastiline du coffrage, retirer toute la partie Plastiline sous le bijou puis ôter délicatement la pièce de l'élastomère afin de vérifier la qualité de la "PRISE D'EMPREINTE", voir si tous les détails apparaissent correctement, s'il n'y a pas de bulles d'air, etc. Après quoi, il faut reloger le bijou dans sa première partie de moule et remettre le tout dans le coffrage mais cette fois-ci en plaçant la partie en élastomère "sur le dos", retournée au fond du coffrage, c'est-à-dire à la place de la Plastiline sur les photos.
Le dos logé dans l'élastomère, le prototype se trouve donc maintenant le dessous débarrassé de sa Plastiline et visible tourné vers nous. Mais avant de couler la deuxième partie du moule directement sur la première, il est impératif de graisser abondamment toute la surface de l'élastomère de la première partie pour éviter que la deuxième ne se soude à elle lors de la vulcanisation**. De nouveau il faudra patienter 24h00...
Si des articles supplémentaires vous intéressent afin de mieux appréhender les diverses opérations, n'hésitez pas à les demander ou à poser simplement des questions !
** Vulcanisation :
Opération consistant à relier entre elles les macromolécules d'un élastomère de manière à empêcher que, par écoulement visqueux, il ne prenne des déformations permanentes. (découverte en 1839 par Goodyear, la vulcanisation du caoutchou naturel par le soufre consiste en un masticage à chaud (100 - 140°C) au cours duquel sont introduits des plastifiants, de l'oxyde de zinc, des accélérateurs et du soufre (3 à 10%).
(En clair, j'ajoute un produit X à mon élastomère liquide juste avant l'emploi afin qu'il durcisse en 24H00).
Prochaine aventure :
le coulage par gravité (à l'ancienne) du bijou en métal.
En espérant que cet article soit pertinent, bonne fin de journée à vous ! Et à moi...!!